Journal de bord n°2

03/10/2024

Depuis l’organisation du premier évènement d’observation de la Lune et de Saturne, je suis en contact avec des familles dont les enfants sont en IEF, ou instruction en famille, afin pour moi de proposer à ces familles une aide spécifique pour les enfants et leur donner des clés de la compréhension des sciences, des mathématiques et des mystères de l’Univers.

Ce jeudi après-midi, je pars donc à la rencontre de l’une de ces familles qui me fait l’honneur de me faire confiance pour réaliser un atelier d’astronomie avec un enfant de 4 ans et demi. C’est une première pour moi de me retrouver face à un enfant aussi jeune, mes expériences précédentes m’avaient fait rencontrer des enfants de 6 ou 7 ans qui déjà avaient du mal à se concentrer (et bien sûr aussi des étudiants mais c’est un tout autre registre). J’appréhendais un peu de devoir plus faire la police que de réaliser mon atelier, mais j’étais rassuré en amont par la maman adorable qui m’assurait que son garçon était très enthousiaste à l’idée de ma venue. Et quelque part, je me disais qu’une interaction avec un enfant en IEF allait être passionnante car le rapport entre enseignant et enseigné devait complètement changer par rapport à ce que je connaissais déjà.

En arrivant chez le garçon, je me suis installé en face à face avec lui car il ne souhaitait pas que sa maman participe à notre atelier (à son grand regret !). Il me regardait avec curiosité, alternait entre le « tu » et le « vous », me parlait de tout et de rien. Les parents avaient préparé avec lui une série de questions à laquelle l’enfant voulait me soumettre dès mon arrivée. Je trouvais cela très intéressant, car les questions étaient aussi variées que profondes. Quelques exemples :

• Qu’est-ce que la Lune ?
• Quelle est la vitesse d’une fusée ?
• Combien y a t’il d’étoiles filantes ?
• Quelle différence entre une étoile et une planète ?
• Nombre de km du Soleil (pas compris celle-ci)
• Crois-tu aux extraterrestres ?
• Crois-tu en dieu ?

Difficile de répondre, pour certaines !! En plus de formuler une réponse à l’oral pour le garçon, j’ai aussi écrit une ligne de réponse sur le cahier pour que les parents puissent avoir eux aussi des réponses. Mais comment résumer la croyance en dieu en une ligne ? Comment parler des extraterrestres en une ligne ? Je n’ai pas pu développer, mais ce sera pour une prochaine fois. En tout cas l’exercice était amusant pour l’enfant et moi.

J’avais ensuite prévu une activité permettant de réaliser une maquette du système solaire en mettant les planètes à l’échelle pour leurs distance. Je voulais montrer au garçon, et par là à ses parents, comme la Terre et les autre planètes « telluriques » (rocheuses) étaient collées au Soleil et que notre système solaire s’étendait bien plus loin que cela avec les planètes gazeuses. J’ai tenté d’expliquer au garçon la notion de mise à l’échelle en dessinant lui et sa maman à côté qui faisaient la même taille, et en les dessinant en respectant les rapports de taille. Je perdis un peu l’attention de l’enfant à ce moment là et pendant cet exercice car, bien que faisant un peu ce que je lui demandais, ses pensées allaient vers d’autres sujets et il voulait me montrer d’autres jouets, sa télécommande, la chambre de sa maman… Tout sauf mon activité quoi
J’étais étonné de l’attention extrême qu’il donnait à certains détails : l’emballage en carton de sa gomme, le nombre et l’état des piles de sa télécommande, l’efficacité du taille crayon. Était-ce pour s’échapper à l’activité qui l’ennuyait ou par réel intérêt pour ces détails ? Peut-être les deux.

La maquette était réalisée en carton de récupération qui formait une bande de 170 cm de long. Nous avons représenté le Soleil par un trait jaune au bord de la frise, les planètes étaient formées par du papier journal roulé en boule et coloré, retenu par des élastiques et planté sur des cure-dents. Puis nous avons mis les planètes à distance en respectant l’échelle :

• Mercure à 2.3 cm
• Vénus à 4.1 cm
• la Terre à 5.6 cm
• Mars à 7.8 cm
• Jupiter à 29.4 cm
• Saturne à 47 cm
• Uranus à 109 cm
• Neptune à 170 cm

Le tout tenait plus ou moins bien, mais on peut envisager une activité créative plus longue pour réaliser cette maquette un peu mieux : mettre du polystyrène au lieu du carton, faire de la pâte à sel ou du papier mâché au lieu du papier journal, fixer les cure-dents au scotch ou autre pour éviter que les planètes ne tombent.

La maman de l’enfant est venue nous sauver car il fallait qu’il sorte et se change un peu les idées après cette activité un peu (trop ?) longue. Accompagné d’une excellente tarte aux pommes et myrtilles, j’ai sorti mon télescope et montré au garçon comment on pouvait observer les feuilles des arbres en face avec pas mal de netteté grâce aux différents objectifs et grossissements. Cela a semblé l’intéresser, mais moins que le fait de lui avoir raconté qu’il fallait que je change les piles bientôt car il me proposa une dizaine de fois de me donner une de ses piles pour remplacer les miennes. Puis il se plongea dans l’examen d’une petite caméra… je dirais qu’il est bien parti pour être ingénieur celui-ci ! Grâce à cette famille, j’ai pu expérimenter de nouvelles activités pour de nouveaux âges et j’ai pu approcher le monde de l’IEF. Je repars avec le contact de l’association du Morbihan avec laquelle je pourrai peut-être travailler. On va certainement se revoir bientôt, j’en suis convaincu !

MR